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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/136

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DU CONVENTIONNEL ET DE L'ARTIFICIEL

LE CONTRADICTEUR

Et d’après vous, une chose ne saurait être admirée généralement sans perdre de sa valeur ?

MOI

Attention !… Si cette chose provoque véritablement — et j’insiste sur « véritablement » — l’admiration publique, c’est qu’elle est de qualité très inférieure. Mais je vais plus loin : le Beau, en admettant que la masse y atteigne, perdrait de sa qualité en se vulgarisant. Qu’est-ce que le Beau ? Unesensation. Or, une sensation commune à tout le monde, mais c’est répugnant !… Notez que l’hypothèse du Beau saisi par la masse est insoutenable. N’ai-je pas dit que le Beau est une sensation : c’est, si vous préférez, une proportion, un rapport, un équilibre entre deux éléments dont l’un est l’appréciateur et l’autre l’apprécié. Hé ! bien, nous connaissons le premier de ces éléments, médiocre, s’il n’est pire ; jugez ce que doit être l’autre pour qu’il y ait harmonie, et dites si cette harmonie peut jamais être le Beau. — Tenez ! Voici que s’évanouissent dans le ciel, à force de s’étirer, les couleurs qui vous émotionnaient. Il leur succède un