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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/141

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LES OPALINES

MOI

Oh ! que vous êtes désespérant, mon ami !… Ecoutez-moi. Un artiste véritable a un tempérament qu’il manifeste et c’est la manifestation de son originalité qui doit être artificielle. L’art est l’interprétation d’une objectivité ou d’une subjectivité. C’est le passage du « Moi » à d’autres. Et l’artiste doit être deux fois original, la première fois en son « Moi », la seconde en l’interprétation de ce « Moi ». Cela doit être, mais c’est rare. — Pour résumer, l’artiste doit se dégager du conventionnel pour n’être plus qu’artificiel.

Le contradicteur crut à propos d’être ironique :

— Je vous demande pardon, mais l’artificiel, c’est du conventionnel !

MOI

À moins qu’il n’en soit autrement. L’artificiel est ce que l’individu met de personnel dans ses manifestations : le conventionnel, c’est ce qu’il prend aux autres. Sans doute l’artificiel imité devient du conventionnel, mais il cesse alors d’être de l’artificiel. Tel peintre est artificiel : ses imitateurs sont