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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/17

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LES OPALINES


J’ai dans mon corps où tout déborde,
Dans mon corps à peine vêtu,
Des désirs fous et qui me mordent,
Qui me mordent de crocs pointus.

L’allée au sable fin circule sans façon,
À sous le soleil d’or des graviers qui s’enflamment,
Et frange le jardin de son caprice blond,
Comme un ruban passé dans un manteau de femme.

J’ai dans mon cœur aux bonds soudains,
Dans mon cœur ardent et vivace,
De l’amour, tant qu’à pleines mains
J’en emplirais, je crois, l’espace.

L’air a ce parfum frais et d’herbe qui vous grise,
Le géranium éclate en pourpre explosion,
Et d’un rythme dolent pour amuser la brise
Les rameaux étagés ont des génuflexions.

J’ai dans ma tête écervelée,
Dans ma tête de vieil enfant,
Des souvenirs à la volée,
Des souvenirs de mon printemps.