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Page:Pierre Corrard - Les Opalines, 1908.pdf/193

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LES OPALINES

Il m’a dit des choses qui me parurent venir de loin, de très loin, des régions lumineuses de la Vérité.

Il m’a dit : « Je suis vieux, et voici que je touche au terme de l’Effort. Je suis heureux, car ma vie fut traversée de profonds malheurs, et il n en est pas un dont je n’aie tiré quelque profit, et qui n’ait pour le moins servi à décupler mon Égoïsme, c’est-à-dire ma valeur personnelle. »

« J’ai conquis, par mon énergie, la fortune et la considération : et cela n’est rien. Mais je me suis conquis, et cela est tout. »

Et je l’ai regardé : et il m’a paru grand, très grand. C’est un Sage.

Or, il y avait là quelqu’un du monde qui ne comprenait point. « Avec votre sytème, remarqua-til, et si chacun était égoïste et orgueilleux, que deviendrait la Pitié ? »

Cet homme est simple et vulgaire : « La Pitié n’existerait plus, parce qu’elle n’aurait plus sa raison