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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/261

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PAR LES FEMMES.

ments, et pendant des heures, il arpenta sa chambre de long en large. Le soir, à dîner, il proposa à sa fille de faire un voyage en Italie. Elle refusa d’un signe de tête, car elle ne parlait plus depuis la scène qui avait eu lieu entre son père et elle. Elle était décidée à vaincre l’obstination de son père par une obstination plus opiniâtre encore. Et puis, elle lui en voulait de lui avoir révélé ce qu’était Jacques Dubanton. Tout d’abord, quoi qu’elle eût dit, elle avait tenté d’effacer dans son esprit le souvenir du jeune homme : il lui répugnait d’être la femme d’un courtier d’affaires. Mais à côté de cet homme qu’elle méprisait, elle en voyait toujours un autre, qui avait, celui-là, des allures de chevalier moyen âgeux, qui était un être étrange, un peu mystérieux, tout charmant, et peu à peu ce dernier visage avait pris la place du premier, et il n’était plus resté dans l’imagination ravie de la jeune fille que l’amant idéal qui avait son cœur et auquel elle s’était juré d’appartenir.

Un matin que la jeune fille était à sa toilette, sa femme de chambre, un sourire discret sur les lèvres, lui glissa dans la main une lettre.