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Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/54

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PAR LES FEMMES.

cent. Et puis, admettons même que vous réussissiez, ce ne sera jamais avant trente-cinq ou quarante ans. Jusque-là, quelle vie pour vous !… Vous aurez perdu votre jeunesse, mon bon ami, et vous le regretterez amèrement. Croyez-moi à Paris, pour viser le barreau, il faut être riche, avoir le temps d’attendre et tenir dans sa manche des personnes influentes : ce n’est pas votre cas, que je sache !

— Avec du travail et de la persévérance, j’arriverai comme d’autres arrivent avec de la fortune et des protections.

— Vous ignorez le monde. C’est naturel, d’ailleurs, vous ne le connaissez pas. Agissez à votre guise, mais du moins laissez-moi vous donner un conseil d’ami : prenez un métier qui vous rapportera tout de suite beaucoup d’argent et quittez cette maison qui est bonne tout au plus pour un vieux philosophe comme moi, mais qui n’est pas faite pour un homme de votre âge. Ici, vous êtes à côté du monde : vous êtes intelligent et bien tourné, il vous faut y entrer. Crapulet vous prédit que vous y serez bien accueilli et que vous y ferez bonne figure.

— Je reconnais que ma vie est un peu celle d’un ours, dit Jacques en riant.