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CHANT TROISIEME.

À la voix qui m’éclaire ouvrir un cœur facile.
Vous qui faites trembler un vulgaire imbécile,
Si vous voulez ma foi, dessiliez-moi les yeux :
Je ne les ferme point à la clarté des cieux ;
Mais le doute à l’erreur est encor préférable ;
Laissez-moi ma raison, mon guide véritable :
Ma foi n’est qu’à ce prix, et sur de tels sujets
Le sage ne commande et n’obéit jamais.
      S’éloignant à ces mots du prêtre dont l’audace
Fait descendre du ciel l’erreur et la menace,
Il dirige ses pas vers les fertiles bords (12)
Où le Nil tous les ans épanche ses trésors.
Là, par mille travaux, monuments du vieil âge,
La savante Uranie a marqué son passage.
L’ombre de l’obélisque élancé dans les cieux
Décroît, tourne, s’allonge, et montre l’heure aux yeux ;
Le Bootès blanchit de ses clartés timides
Le front qu’à ses regards offrent les Pyramides ;
Et, lorsque vers le nord le soleil ramené
Vient toucher le tropique à son char incliné,