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Page:Pierre Daru - l'astronomie - poème en six chants.djvu/45

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CHANT PREMIER.

Ouverts aux premiers feux dont l’Orient se dore
Leurs temples attendaient le retour de l’aurore.
Les prêtres, prosternés devant l’astre du jour,
Au nom de l’univers saluaient son retour.
Leurs vœux lui demandaient de fertiles années,
Pour les jeunes époux des chaînes fortunées,
De longs jours pour les rois, pères de leurs sujets,
La victoire aux combats, l’abondance, la paix :
Vœux impuissants de l’homme offerts à la matière !
Le dieu n’entendait pas la stérile prière.
Mais sitôt qu’à la terre une puissante voix
Eût appris que cet astre est soumis à des lois,
Qu’à mesure que l’œil plonge dans l’étendue,
Mille et mille soleils s’offrent à notre vue,
Que son empire immense est cependant borné,
Le roi devint sujet, le dieu fut détrôné,
Et l’homme, s’élançant dans la sphère infinie,
Fut plus grand que ces dieux qu’abaissait son génie,
Surtout quand des soleils mesurant la hauteur,
Il osa s’élever jusqu’à leur créateur.