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Page:Pierre Du Ryer - Alcimédon, 1636.djvu/21

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La crainte de ce rapt l’avait troublé si fort
Que ce trouble assura le faux bruit de ma mort,
Et la même pâleur qui venait de sa crainte
Servit en ce dessein à colorer sa feinte :
Il fit donc en ma place enterrer un cercueil
Que l’on accompagna de larmes et de deuil.
Mais il fallut quitter le lieu de ma naissance
De peur que de la ruse on n’eût la connaissance,
Si bien qu’au même soir, que l’aspect d’un tombeau
Me fit croire sous terre, il me mit dessus l’eau,
Aimant mieux que les eaux me livrassent la guerre
Que de voir mon honneur hasardé sur la terre,
Ainsi je le quittai traversé de douleurs,
Et pour tous ses adieux, je lui donnai des pleurs.

NERINE.

Tu vins en ce pays.

DAPHNÉ.

Oui, je vins chez son frère,
Qui m’a depuis servi de support et de père,
Et de peur que le temps ne l’apprît quelque jour
On me changea mon nom en changeant de séjour.