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plus de temps aura plus de puissance qu’aucune autre. Et une force sera plus faible qu’une autre d’autant que le temps de l’une entre dans celui de l’autre. »

Ces principes rendent compte très aisément des propriétés des moufles ; Léonard de Vinci expose avec la plus grande exactitude les propriétés de ces mécanismes. Voici, par exemple, une figure tracée par lui (fig. 1), qu’accompagnent ces réflexions[1] :

« Les puissances que les cordes interposées entre les poulies reçoivent de leur moteur sont entre elles dans la même proportion que celle qu’il y a entre les vitesses de leurs mouvements. »

« Des mouvements faits par les cordes sur leurs poulies, le mouvement de la dernière corde est dans la même proportion avec la première qu’est celle du nombre des cordes ; c’est-à-dire que si elles sont 5, la première corde se mouvant d’une brasse, la dernière se meut d’un cinquième de brasse ; et si elles sont 6, cette dernière corde aura un mouvement d’un sixième de brasse, ainsi de suite à l’infini. »

« La proportion qu’a le mouvement du moteur des poulies avec le mouvement du poids élevé par les poulies sera telle qu’a le poids élevé par ces poulies avec le poids du moteur. »

Supposons que l’on possède une cause de mouvement bien déterminée : par exemple, une quantité d’eau, immobile dans un réservoir, attendant qu’on la laisse tomber, d’une hauteur donnée, dans un bief inférieur. Cette cause de mouvement possède une puissance mécanique déterminée ; nous pourrons diversifier l’emploi de cette puissance, mais nous n’en pourrons accroître la grandeur ; nous pourrons lui faire surmonter des résistances de plus en plus grandes, mais à la condiiion qu’elle les déplace de plus en plus lentement :

  1. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien ; Ms. E de la Bibliothèque de l’Institut, fol. 20, recto. Paris, 1883.