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touche son plan, et plus il y a d’espace entre n et p, plus sa course est rapide. »

Léonard ne pouvait se déclarer satisfait d’une telle méthode ; il tenta donc d’aborder par une voie plus rationnelle le problème du plan incliné.

Il reconnut que le poids qui sollicite le mobile vers le centre du monde pouvait être décomposé en deux forces, l’une normale au plan incliné sur lequel glisse le grave, l’autre tangente à ce plan ; c’est cette dernière qui entraîne le mobile :

« Le grave uniforme qui descend obliquement, dit-il[1],


divise son poids en deux aspects différents. On le prouve. Soit ab (fig. 9) mobile selon l’obliquité abc ; je dis que le poids du grave a b partage sa gravité en deux aspects, c’est-à-dire selon la ligne b c et selon la ligne n m ; pourquoi et combien le poids est plus grand pour l’un que pour l’autre aspect et quelle obliquité est celle qui partage les deux poids en égale partie, sera dit dans le livre Des poids. »

Cette décomposition devra être employée en des circonstances variées. Si, par exemple, un poids, pendu par une corde à l’extrémité d’un bras de levier, oscille à la manière d’un pendule, il ne pèsera à chaque instant sur le

  1. Les Manuscrits de Léonard de Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien ; Ms. G de la Bibliothèque de l’Institut, fol. 75, recto. Paris, 1890. Cf. Ibid., fol. 76, verso.