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trouvé ce livre attribué aux Benî Moûçâ, collationné avec l’exemplaire d’Aboûl Hoçaïn Alsoûfî. Cette circonstance s’expliquerait par la supposition que les Beni Moûçâ auraient traduit ou revu ce traité, et qu’un copiste aurait omis le nom de l’auteur original. À l’appui de l’opinion qui attribuerait ce traité à Euclide, le Dr Woepcke signale la mention qui est faite de démonstrations d’Euclide sur le levier dans un certain traité De canonio que renferme un manuscrit de la Bibliothèque Nationale. Mais, au § 3, nous aurons à revenir sur le traité De canonio et sur la mention qu’il renferme ; nous verrons que cette mention a trait non point à l’écrit traduit par le Dr Woepcke, mais à un autre écrit également donné comme d’Euclide.

À l’encontre de l’opinion du Dr Woepcke, M. Maximilian Curtze[1] n’hésite pas à regarder le traité de la balance comme un traité arabe dû à quelqu’un des fils de Mûzâ ibn Schâkir, à l’un des trois frères Muhammed, Ahmed et Alhasan, dont le livre de géométrie fut si célèbre au moyen âge : M. Heiberg[2] se range à cet avis. M. Curtze rappelle en effet, d’après M. Steinschneider[3], que l’un des trois frères, l’un des Benî Moûçâ, avait écrit un livre sur la balance ; ce livre aurait été ensuite développé par Thâbit ibn Kurrah et l’écrit de Thâbit ibn Kurrah, que nous possédons, ne serait qu’une amplification de l’écrit publié par M. Woepcke. Mais toute cette argumentation nous semble caduque. Nous aurons à parler longuement, au § 2, du livre de Thâbit ibn Kurrah ; nous verrons, par le témoignage très explicite de l’auteur, que son écrit n’est point l’amplifica-

  1. Maximilian Curtze, Das angebliche Werk des Euklides über die Waage (Zeitschrift für Mathematik und Physik, XIXe Jahrgang, 1874, p. 263)
  2. Heiberg, Litterargeschichtliche Studien über Euklid, Leipzig, 1882, p. 11.
  3. Sleinschneider, Intorno al Liber Karastonis. Lettera a D. Baldassare Bonconpogni (Annali di Matematica, t. V. p. 54 ; 1863).