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la comédie
Genin

Qui penseroit que des piedz on peust faire
Autant ou plus que des mains son affaire ?
O nouveauté entre tous les humains,
De besongner des piedz comme des mains !
Et toutesfois les Oyes de leurs pattes
Qui largement sont ouvertes et plattes,
Peuvent, quel art, gentiment travailler
Et sur les murs le mortier esgailler.
Ainsi jadis en Tholoze Pedocque,
Si en mentant l’hystoire ne se mocque,
De ses deux piedz formez en pied d’Oyson
Faisoit assez de besongne à foison,
Et d’elle vient le remuement agile
Qu’on va usant des piedz en ceste ville
Et d’elles sont les jeux de brodequins,
Les tourdions, et les beaux mannequins.
Mais je te prye, poursuivant ton message,
Raconte-moy qui conduisoit l’ouvrage,
Qui commandoit, qui veilloit soucieux,
Et qui servoit aussi d’ingénieux ?

Le Messaiger

C’estoit le Roy.

Genin

C’estoit le Roy. Le Roy seul veux-tu dire ?
Pouvoit-il seul sans lieutenans suffire
A commander, à guider les maçons
Et à pousser l’oeuvre en toutes façons ?
« Celuy qui est le Monarque et le Prince
« D’un peuple grand d’une grande Province,
« A faire tout ne peult pas arranger ;
« Il va s’aydant, pour mieux se soulager,
« De ceux qui sont idoines et capables
« De commander en charges honorables. »