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la comédie
Genin

Vous estes Dieux ?

Iris

Vous estes Dieux ? Et qui sont Dieux, sinon
Ceux qui au ciel ont des Dieux le renom ?

Genin

Mais ces Dieux là plus icy ne commandent,
Ains les Cocus qui leurs forces estendent
Dessus la terre, aux cieux et aux enfers
Et bref partout ce grand monde univers,
Auxquelz il faut que l’homme s’humilie,
Leur fasse honneur et leur sacre sa vie,
Non à voz Dieux et non à Jupiter
Dont le pouvoir n’est plus à redoubter.

Iris

Ah ! malheureux ! n’esmeuz point à colère
Les Dieux puissans et Jupiter leur pere,
De peur qu’estans une foys courroussez
Et contre toy à vengeance poussez
Ilz n’aillent mettre en tout malheur extresme
Toy et ta race et ta famille mesme,
Et que ne sois diffamé de renom
Pour n’avoir craint leur puissance et leur nom ;
Car bien qu’aux piedz ilz soient feutrez de laine,
Que lentement ilz glissent par la plaine
Sans faire bruict, sans qu’ilz semblent vous voir
Connivans presque à vostre fol vouloir,
Si est-ce alors qu’ilz vous peuvent atteindre.
Leur ire est grande et terrible et à craindre,
Bruyant bien fort comme un torrent qui sourd
Du haut d’un mont et tout à val s’encourt,
La vague à l’autre en mille bondz se roulle,
Et du grand bruict dont sans celle elle coulle,