Je veux voler par la longue estendue
De l’air ouvert et sillonnant la nue,
Faire en volant esbranler sans repos
Mon corps, mez bras, mon plumaige dispos,
Que cherches-tu ?
Et la figure et les meurs toutes telles
Qu’a le Cocu volage et inconstant
Et parmy l’air ses deux ailles battant.
De quel mestier exerces-tu ta vie ?
Je vay suivant l’art de chicanerie.
Comment cela ?
Et d’escritoire armé en tous endroictz,
Et deux recordz menant pour ma deffense,
Autant le bon que le mauvais j’offense,
Sans mettre esgard et difference entr’eux
Tant bien de fois de gaigner desireux :
Mon frere mesme et mon pere plus proche
Et mes parens sentent ma vive accroche,
Et mes amys certains et familiers
Sont estimez de moy comme estrangers.
En peu de temps par chicanes je pille
Voire le bien d’une riche famille ;