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NOTICE

La Néphélococugie, que nous mettons sous les yeux de quelques curieux, est une œuvre fantastique et railleuse. Les malheurs des époux trompés n’ont jamais été l’objet de plaisanteries plus mordantes et plus bouffonnes. C’est d’Aristophane que Le Loyer s’est inspiré ; il a emprunté quelque chose aux Nuées, quelque chose aux Oiseaux, et il a produit une œuvre qui n’a pas, ce nous semble, son pendant dans quelque langue que ce soit. En un mot, c’est une débauche d’une imagination spirituelle et d’une verve infatigable. Deux vieux cocus, Génin et Cornard partent pour le pays des Cocus (des coucous) et, avec Jean Cocu, qu’ils y rencontrent, ils bâtissent une ville en l’air, afin de se soustraire à Priape qui leur fait une guerre continuelle. Les hommes sont enchantés de cette résolution, et tous viennent se faire recevoir parmi les Cocus.

Pierre de Larivey, un des meilleurs écrivains comiques du xvie siècle, passa pour avoir pris part à la Néphélococugie, et La Croix du Maine, dans sa Bibliothèque françoise, le désigne même comme en étant l’auteur.

Notre auteur était doué d’une vaste érudition : il avait étudié le grec et l’hébreu, mais sa science était confuse, mal digérée, et il était complètement dépourvu de critique, défaut qui était d’ailleurs celui de presque tous les savants du seizième siècle. Il ne se bornait pas à composer des poésies, il écrivit sur la démonologie ; c’était un travers de