Leur apaize leurs cris, leur forme leur parler
Et en les pourmenant les apprend à aller.
Voire, mais direz-vous, si des Cocus la race
Tous les autres Oyseaux en dignité surpasse,
Pourquoy doncq n’ont-ilz peu chasser l’aigle hautain,
Qui est de tous Oyseaux le Prince souverain ?
Je vous respondz et dis qu’au temps passé ilz eurent
Pouvoir sur les Oyseaux, et leurs Monarques feurent :
Mais quand l’aigle qui tient le tonnerre brûlant,
Et qui perce la nuë et le ciel en volant,
Soigneux d’aller trouver un amoureux remede
A Jupiter épris de son blond Ganymede,
Descendit en la terre, et porta ce garçon,
Sur ses ailles aux cieux pour servir d’echanson :
Alors par le vouloir de Jupiter son maistre,
A qui fidele Oyseau il s’estoit faict parestre,
Il feut appelé Roy et feurent dejetez
Les Cocus à grand tort de leurs principautez.
Si est-ce qu’aujourd’huy ilz reprendront leurs forces,
Et malgré le pouvoir, les effortz, les entorces,
De Jupin et des Dieux voulans les engarder,
On les verra encor aux Oyseaux commander,
Et non point aux Oyseaux, ains à Jupiter mesme,
Qui les avoit ostez de leur grandeur supresme.
A vous autres humains, ilz seront un Ammon,
Delphes, Cyrrhe, Dodone, et un autre Apollon,
Et les allant prier comme Dieux admirables,
Ilz vous seront tousjours bénins et favorables,
Ilz vous escouteront, et heureux vous serez,
Aux enfans des enfans de ceux que vous aurez,
Ilz vous don’ront aussi des biens, de la richesse,
De la felicité exempte de tristesse,
Des plaisirs, des grandeurs, des Estats à planté,
Des danses, des esbatz, et de la volupté,
De la paix, du sçavoir, qui les hommes décore,
De la santé, de l’heur, de la sagesse encore ;
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