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la comédie
Jean Cocu

Ce Dieu suffist pour nous pouvoir garder,
Mais toutesfois si fault-il regarder
Quelle Deesse exorable et facile
Avec Coquart gardera nostre ville :
Aux Dieux qui n’ont pas besoing de secours,
Si conjoinct-on les Déesses tousjours.

Genin

Eh quoy ! Coquart passe doncques son aage
Sans estre joinct au joug du mariage ?

Jean Cocu

Il est tout seul et a tousjours passé
Son aage ainsi sans avoir pourchassé
Aucune Dame ou Deesse immortelle,
Pour se conjoindre en amour avec elle.

Genin

Il nous le faut marier à Pallas
Belle Deesse.

Jean Cocu

Belle Deesse. Elle ne voudroit pas,
Car elle est chaste, et n’a dedans son ame
L’impression de l’amoureuse flamme ;
Elle nous hait, nous deteste et nous fuit,
Et outre plus les armes elle suit,
Et aux combatz, hautaine et animée,
Dessouz ses pas faict branler une armée :
Ce n’est le cas des Cocus qui ne sont
De faction, et lesquelz rien ne vont
Tant detestant sur leurs choses fascheuses,
Comme l’orgueil des femmes factieuses.