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une descente au monde sous-terrien

trouve à portée. Vous voyez qu’on peut très bien expliquer le phénomène sans l’intervention du feu central.

— Bien. Mais les sources thermales ?

— Ah ! pour ce qui est des sources thermales, l’explication n’est pas encore trouvée. Mais je suis sûr, dès aujourd’hui, que le jour ou elle le sera, nous découvrirons qu’il fallait la demander à une réaction chimique permanente, où à une action électrique quelconque, mais point du tout au feu intérieur. Les hommes, voyez-vous, collectionnent ainsi, depuis qu’ils se préoccupent de leurs conditions d’existence, une certaine quantité d’erreurs auxquelles ils tiennent beaucoup, et auxquelles ils ne renoncent que contraints et forcés par l’évidence. Le feu central est certainement une de ces erreurs-là. Et je sens que nous en aurons bientôt la preuve.

Ces mots mirent fin à la conversation, et tout le monde songea au sommeil. Cornélius enveloppa soigneusement sa jeune amie dans une vaste houppelande qu’il portait au moment du naufrage du Marvellous et qu’il n’avait heureusement pas abandonné depuis. Il régnait, en effet, dans le tube où ils voyageaient un courant d’air assez violent, et la captive des Kra-las aurait pu prendre froid pendant la nuit. Or, Cornélius Van de Boot se prenait peu à peu d’une affection paternelle pour cette malheureuse enfant, engagée sans l’avoir mérité dans la plus terrible des aventures, et qui probablement ne reverrait jamais le soleil. Il lui épargnait autant que possible les souffrances de la route, et la soignait autant qu’il était en son pouvoir. Il ne l’avait pas interrogée encore, ne savait d’elle ni son nom ni les détails de sa vie, mais se sentait infiniment apitoyé par sa grâce touchante et par sa douceur.