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une descente au monde sous-terrien

— Nous pourrions envoyer un huissier, suggéra le président.

— Non, répondit le célèbre linguiste, ma nièce ne trouverait pas ; j’ai mis mes papiers en ordre ce matin.

Et il se dirigea vers l’antichambre. Mais il n’avait pas touché encore le bouton de la porte qu’une jeune fille de dix-neuf ans, blonde et fraîche comme seules savent l’être les jolies enfants de la Hollande, faisait son entrée dans la salle des séances, un gros rouleau sous le bras. Elle était un peu transie, mais souriante quand même comme le printemps.

— Ah ! c’est toi, Lhelma, lui dit le professeur sans s’émouvoir. Tu as bien fait de venir ; j’allais courir à la maison. Tu as mon rapport ?

— Oui, mon oncle.

— Tu l’as trouvé facilement ?

— Oh ! oui, mon oncle, il était dans le buffet de la salle à manger, sur les assiettes creuses.

— C’est très curieux. Merci, ma chérie ; tu peux t’en aller.

Et Wilhelmine, que son oncle appelait Lhelma par abréviation affectueuse, embrassa son oncle et fit mine de partir. Cette petite scène familiale n’avait en aucune façon, troublé la quiétude de l’Académie des sciences de Saardam.

Ce qui la troubla bientôt, ce fut un bruit d’altercation qui s’éleva dans l’antichambre, avant même que la jeune fille eût pu s’y rendre. On entendit une voix grave qui s’opposait fermement à quelque chose, et une voix jeune qui insistait avec non moins de fermeté pour que ce quelque chose lui fût accordé. Sachons tout de suite que la voix jeune voulait pénétrer dans la salle des séances de l’Académie, et que la