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une descente au monde sous-terrien

aucun doute, et ces malheureux, que je vois suffisamment doux et inoffensifs, seraient bientôt transformés en esclaves et en bêtes de somme. Oh ! non, que les hommes ne soupçonnent jamais l’existence de la République Centrale ! Décidément, je n’écrirai pas de livre.

Il rentra au campement quatre heures après en être sorti. Congo s’était éveillé et faisait la cuisine. Que cuisait-il, c’était un mystère, mais le certain est qu’il cuisait quelque chose.

— Tu nous as découvert à manger, Congo ? lui demanda le petit docteur.

— Congo toujours trouver, répondit le nègre en ouvrant ses lèvres sur ses énormes mâchoires, mais sans oser rire tout à fait, de peur d’ébranler les cabanes et d’éveiller leurs habitants comme sous la secousse d’un tremblement de terre.

Il désignait des fourneaux de son invention, creusés par lui dans le sol, et où mijotaient, dans des feuilles odorantes, d’étranges préparations.

— Ça, poisson, disait Congo en montrant le fourneau no  1.

— Et où as-tu pris du poisson ?

— Dans la mer, répondit le géant, suffisamment dédaigneux.

— Je le pense bien. Mais, comment l’as-tu pris ?

— Moi pas pris. Petit homme pris.

— Tout s’explique. Et là, qu’y a-t-il ?

— Oiseau, grand.

Congo ouvrait des bras de trois mètres.

— Où l’as-tu tué ?

— Dans la mer.

— Sur la mer ?

— Oui.