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une descente au monde sous-terrien

— Lequel ?

— Le faire causer dans son idiome maternel avec Van Tratter qui connaît toutes les langues.

Wilbelmine eut un regard vaguement inquiet.

— Le professeur connaît toutes les langues ? demanda Kerbiquet, surpris. Il a donc beaucoup voyagé ?

— Non, répondit la jeune fille avec quelque embarras. Je crois même qu’il n’a pas vojagé du tout. Mais il a énormément étudié et sa mémoire est extraordinaire.

— Congo, dit alors le marin, demande à Monsieur s’il se porte bien, dans ta langue à toi.

Congo obéit ; il prononça une courte phrase, dans une langue étrangement gutturale. En entendant sonner des syllabes exotiques, Van Tratter revint. Il pouvait se trouver à ce moment-là chez les Indiens Sioux. Il releva la tête, et huma l’air tiède de la salle a manger. Puis il réfléchit deux secondes, et répondit quelque chose. Kerbiquet entendit :

I am all right[1] ; otchine blagdariou vas[2].

Congo ouvrit des yeux comme des fanaux de locomotive. Le capitaine et le petit docteur échangèrent des regards surpris, Lhelma mit le nez dans son assiette. Pour Julius Van Tratter, l’esprit tranquille et convaincu qu’il venait de parler le congolais le plus pur, il retourna immédiatement au Kamtchatka, ou quelque part d’approchant.

Et là-dessus, tout le monde s’en fut se coucher.

  1. En anglais : je vais bien.
  2. En russe : merci beaucoup.