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une descente au monde sous-terrien

s’en retourna dans sa machine, un éclair aux yeux. Cette fois il fut rencontré par le maître d’équipage Plougonnec, qui lui dit avec sa brusquerie habituelle de vieux loup de mer :

— Quoi que tu viens de fricoter, toi, dans le salon des premières ?

— Je ne viens pas du salon, répondit Johann Wurtzler ; j’ai été voir le point. C’est-il défendu ?

— Non, mais je me demande ce que ça peut te faire, le point ? V’là quarante ans que j’bourlingue, moi, et j’lai tant seulement pas regardé une seule fois, que j’crois. Pourvu qu’les officiers sachent où qu’on est, est-ce que ça ne suffit pas ?

— Chacun son idée, patron. Moi j’aime bien me rendre compte oùsque j’promène ma carcasse.

Wurtzler avait jusqu’à présent fait son service sans encourir une observation. Il était ponctuel à son quart, ne se faisait jamais appeler pour descendre à la machinerie, ne buvait pas plus qu’il fallait pour supporter la terrible chaleur du fond, et prouvait souvent qu’il ne s’était pas vanté en se donnant pour un habile ouvrier. À plusieurs reprises de petits accidents étaient arrivés, comme il s’en produit toujours au cours des longues traversées. Il les avait intelligemment réparées, ce que ses compagnons eussent été incapables de faire. Le vieux maître d’équipage regrettait beaucoup moins Leurzon.

Vers quatre heures, Jean Kerbiquet envoya voir ce qui se passait, et le machiniste, qui, peu à peu, avait pris autorité sur ses camarades, fit répondre qu’il y avait un coup de feu