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une descente au monde sous-terrien

dont me permettent de disposer les affaires de l’État. À tout à l’heure, Monsieur le marquis.

André-Phocas de Haute-Lignée, président de la République Centrale, salua aimablement, remit son masque, et s’enfonça dans la mer, verticalement, sans un seul mouvement du corps.

Il n’avait pas encore dit grand’chose, mais il faut convenir que ce qu’il avait dit était de nature à éveiller la curiosité. « République Centrale… ma suite est à vingt mètres de fond… je fondrais si je restais au soleil… » Il y avait de quoi, sans doute, dans ces bizarreries, provoquer les réflexions des auditeurs. Et l’homme n’avait pas le moins du monde l’air d’un mystificateur. Il paraissait fort sérieux et fort distingué, au contraire, et ce qu’on avait vu de lui venait à l’appui de ce qu’il annonçait. C’est en plein mystère que Jean Kerbiquet, que le petit docteur nageaient à présent, tandis que l’extraordinaire amphibie, récemment découvert, se promenait entre deux eaux.

Ils revinrent à bord, mirent Wilhelmine au courant de ce qui venait de se passer, et Kerbiquet fit préparer une cabine, ainsi qu’on le lui avait demandé. Congo se multiplia pour installer le lunch dans le salon du bord ; on débarrassa le pont du mieux qu’il fut possible des morceaux de fer qui l’encombraient et, pour la circonstance, on tira Van Tratter de sa cabine, où il pâlissait sur un texte japonais. Le brave homme, en bras de chemise, était, comme d’ordinaire, absent de la planète et ébouriffé ; il avait des zébrures d’encre sur la figure, et ne soupçonnait en aucune façon ce qui s’était passé auprès de lui, la nuit précédente : l’accident de machine,