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variétés

deux être issus l’un de l’autre et séparés par près d’un quart de siècle pouvaient grâce au jeu, se retrouver au même diapason et vibrer à l’unisson. Il se demanda si cela était bon ou mauvais.

Le bonhomme Noël est consciencieux. Quand il se pose une question semblable, il ne permet point à ses préjugés d’y répondre. Il examine en toute justice le pour et le contre et conclut honnêtement d’après ce que son bon sens lui inspire. Eh bien ! il n’y a pas à dire, c’est une bonne chose. Jadis les parents accentuaient de leur mieux la barrière entre eux et leurs enfants ; ils s’imaginaient avoir ainsi aux yeux de ces derniers plus de prestige et de dignité. C’est à savoir. En tous cas, à ce régime là, la confiance, la bonne amitié joyeuse qui n’exclue nullement le vrai respect n’existaient guère. Et le résultat, c’est que deux générations marchaient dans la vie comme en une sorte de parallélisme obscur sans se voir, sans se comprendre. Or, les idées des petits et celles des grands ne peuvent naturellement s’accorder puisque le bagage cérébral n’est point le même. Mais le sport reste identique pour les uns et pour les autres. Jeu des muscles, recherche de l’adresse, dépense de force, sensation d’agilité… le petit et le grand éprouvent au même degré ces bienfaits du sport. Et pour l’un comme pour l’autre, l’effet produit est sain, clair et viril. Il en résulte un charmant rapprochement entre père et fils. Et ce rapprochement là sûrement ne fait pas de mal au fils et fait énormément de bien au père.

Le bonhomme Noël hocha la tête. Il n’avait jamais encore envisagé le problème sous cet angle et cela le rendit songeur. Il dût reconnaître que les joujoux sportifs ont du bon et en envisagea la diffusion avec une certaine sympathie. Justement, il lui restait un jeu de cricket dans sa hotte. Il le considéra en souriant et s’en alla par la cheminée vers la maison voisine.

Revue Olympique, décembre 1911.

Dans l’Oberland (1913).

La petite ville sommeillait ; le froid l’a réveillée ; la neige l’a mise debout ; l’arrivée des Anglais l’a remplie de joyeux tumulte. Grands et petits, blonds et bruns, maigres et gras, tous ont une pipe et l’air d’accomplir une chose rituelle, périodique et obligatoire ; une manière de ramadan alpestre pour la santé