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rieur — les faits à apprendre étant devenus trop nombreux et la spécialisation engendrant d’autre part de l’incompréhension entre spécialisés — l’Union Pédagogique Universelle considère comme base essentielle de l’instruction que doit posséder tout homme, l’acquisition (à des degrés différents selon ses capacités le temps dont il dispose, etc…) des dix notions suivantes :
Les quatre notions qui délimitent l’existence même de l’individu :

La notion astronomique : celle de l’univers réel et pourtant indéfini au sein duquel se meut l’astre qui le porte.
La notion géologique : celle des lois physiques, chimiques, mécaniques qui régissent cet astre ;
La notion historique : celle des soixante siècles d’histoire enregistrée qui sont derrière lui et dont il ne peut se désolidariser ;
La notion biologique : celle de la vie — végétale d’abord, puis animale, épanouie enfin dans son propre corps où il doit savoir l’entretenir et l’aviver.

Les trois notions dont dépend son développement mental et moral :

La notion mathématique : celle du vrai immatériel et pourtant tangible qu’il peut utiliser sans arriver à en concevoir l’origine ;
La notion esthétique : celle du beau vers lequel un instinct le pousse sans qu’il en puisse définir l’essence ;
La notion philosophique[1] : celle du bien dont sa conscience l’incite à chercher la voie : voie dans laquelle les religions ou la morale codifiée s’offrent à le guider.

Enfin les trois notions qui dominent sa vie sociale :

La notion économique : celle de la production et de la répartition de la richesse avec ses conséquences obligatoires, bonnes et mauvaises ;
La notion juridique : celle des lois que toute société humaine est conduite à formuler et de la jurisprudence qu’engendre l’interprétation de ces lois ;
La nation ethnique et linguistique : celle des races réparties sur le globe avec leurs effectifs, leurs caractéristiques et les diversités organiques de leurs langages.

Tel est le « flambeau à dix branches » dont les flammes « susceptibles de brûler en veilleuse dans l’esprit du moins cultivé

  1. Philosophie est pris dans son sens étymologique (culte de la sagesse) dont l’a détournée la science moderne et que l’U. P. U. veut s’efforcer de lui restituer. Une observation analogue s’applique au mot géologie.