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Page:Pierre de Coubertin - Anthologie, 1933.djvu/56

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études historiques

intellectuel auquel il avait su atteindre, mais sans le détourner, bien entendu, de la saine politique qu’il avait toujours suivie. Il légua donc à ses enfants une autorité pleinement assurée et justifiée. Par une symétrie déplorable, l’œuvre qu’Akbar avait édifiée en un règne de quarante-neuf ans, emplissant la seconde moitié du xviie siècle, fut détruite par son arrière-petit-fils, Aurangzeb (1659-1707), en un règne d’égale durée, occupant la période correspondante du xviiie siècle.


Abbas ier.

Abbas, monté en 1586 sur le trône de Perse, reprit Kandahar aux Mongols et Ormuz aux Portugais qui s’y étaient établis depuis 1515. Il rétablit la suzeraineté sur l’Arménie et la Géorgie. Sa politique à l’égard des Arméniens fut particulièrement ingénieuse. Reconnaissant leurs grandes aptitudes commerciales, il ne se borna pas à les protéger chez eux, mais les attira dans les principales villes de Perse, facilitant la concentration entre leurs mains du mouvement des affaires. Un considérable accroissement de la richesse publique ne tarda pas à en résulter. Quant aux Géorgiens qui étaient bons soldats, il les appela dans son armée puissamment réorganisée par des instructeurs anglais et pourvue d’une bonne artillerie. Mais ce qui rend inoubliable le règne d’Abbas (1586-1629), c’est la mission confiée par lui, en 1600, à l’anglais Anthony Sherley et par laquelle il offrit aux puissances européennes et principalement à la Russie, à l’Autriche, à l’Angleterre ainsi qu’au Saint Siège, de s’entendre en vue d’un effort commun pour éliminer la puissance ottomane et délivrer la chrétienté captive. Si la conception géniale d’Abbas avait été comprise et réalisée, toute l’évolution ultérieure de l’Europe en eût été modifiée et combien de désastres évités ! La chance perdue ne se retrouva jamais.