ment logique et perfectionné des rouages dont l’embryon existait dans leurs propres groupements, et la seconde, comme la consolidation définitive des liens fédéraux que, depuis plusieurs siècles, ils s’efforçaient de maintenir entre ces groupements.
À défaut d’un sens gouvernemental très éveillé, Théodoric sut se confier à deux hommes qui allaient être pour lui les plus précieux des inspirateurs. Les Cassiodore, père et fils, étaient alliés, bien que de lointaine origine syrienne, à toutes les grandes familles romaines. Romain avant tout et ne manquant pas de caractère, Cassiodore le père avait été souvent consulté par Odoacre. Il était ce qu’on pourrait appeler un opportuniste de distinction. Son intervention retint les Siciliens d’entrer en lutte contre Théodoric à l’arrivée des Goths et celui-ci en conçut une vive reconnaissance. Il combla d’honneurs Cassiodore et sa famille. Ainsi après avoir vu des barbares servir de conseillers et de confidents aux derniers empereurs romains, c’étaient maintenant des patriciens de Rome qui remplissaient le même office auprès des rois barbares.
Bien qu’il n’en existe jusqu’ici aucune preuve définitive, on peut tenir pour acquis que Cassiodore le père fut l’initiateur de la politique d’union entre tous les royaumes barbares qui devait être la « grande pensée » du règne de Théodoric. Celui-ci n’aurait pu concevoir à lui seul une pareille politique. Il est curieux que la notion de l’unité de race n’ait pour ainsi dire point existé parmi les Barbares. Ils s’enrôlaient les uns contre les autres sans hésitation et se battaient comme des frères ennemis qui auraient ignoré leur parenté. Cassiodore voulait faire du gouvernement de Ravenne le centre d’un nouvel ordre de choses en Occident. Il noua donc une série d’ententes familiales et politiques. Théodoric épousa une sœur de Clovis, roi des Francs, maria sa propre sœur au roi des Vandales, ses deux filles aux rois des Wisigoths et des Burgundes ; enfin, il s’attacha par des présents et une sorte « d’adoption militaire » en usage chez eux, certains chefs germains. Seulement, un événement survint qui trompa les calculs de Cassiodore. Tous ces souverains appartenaient à