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Page:Pierre de Coubertin - Anthologie, 1933.djvu/85

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tirpés. Mathias Corvin, roi de Hongrie, se fit le champion de l’unité catholique romaine, heureux d’un prétexte pour attaquer la Bohême. Mais il trouva à qui parler. Entre temps, les études universitaires reprenaient et l’ordre se consolidait. Podiébrad n’en sentait pas moins la fragilité de cette restauration. Il rêva d’un tribunal suprême constitué par les souverains d’Europe ; il s’efforça de gagner à ses vues Louis XI de France. Projet prématuré qui révèle toutefois une rare hauteur de vues. Malheureusement ce roi improvisé était sans héritier. Il conseilla d’élire après lui Ladislas Jagellon de la dynastie polonaise. Et la Bohême rentra dans l’ombre.


La France de Louis XI.

Le règne finissait mieux qu’on ne l’eût pu croire. En quoi des contingences heureuses avaient joué le principal rôle. Rendu plus circonspect et plus avisé, Louis XI, par son activité et l’adresse de ses incessantes intrigues, y avait eu aussi quelque part. Enfin, doit-on noter les services de Philippe de Commines (1447-1511), historien célèbre doublé d’un homme d’État trop négligé. À l’intérieur, il est vrai, les résultats étaient loin d’équivaloir aux avantages extérieurs obtenus pendant les six dernières années. Louis XI avait gouverné par saccades capricieuses non sans aspirations clairvoyantes. Il voulait réaliser l’unité des poids et mesures et la suppression des péages, conclure des traités de commerce, faire admettre par la noblesse qu’elle ne dérogeait pas en commerçant (innovation alors prématurée). Beaucoup des réformes dont on fait honneur à son initiative ou à ses intentions avaient été préparées et préconisées par les États généraux et provinciaux. Souvent d’ailleurs il s’arrêtait en chemin ou revenait en arrière. En 1464, il avait institué un service postal comme aux temps romains, mais à son usage exclusif ; le public ne devait qu’en 1506 être admis à s’en servir. En 1467, il établit l’inamovibilité des offices royaux, mais il s’empressa de manquer lui-même à la règle qu’il édictait. Sa politique religieuse fut singulière au point que nul n’en a jamais su démêler les mobiles secrets.

Des historiens, ainsi qu’il leur est si souvent advenu, ont don-