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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/169

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de france

tête des défenseurs du Ministre du Commerce, exposa avec le plus de force et de conviction, la thèse de la conquête successive de tous les pouvoirs : conseils municipaux, départementaux, Chambre, Sénat, Conseil des Ministres, par l’élection les socialistes peuvent arriver à dominer partout, de sorte que le régime collectiviste finira par s’établir sans violence et sans danger, par le seul jeu des institutions, et la seule puissance des lois. À cela, deux autres voix, également autorisées aux yeux des socialistes, répondirent. Albert Richard, ancien compagnon de Bakounine, sans méconnaître les résultats déjà obtenus par la méthode chère à M. Jaurès, exprima une méfiance discrète : « J’ai peur, dit-il, que le ministre socialiste n’apporte la sanction socialiste à l’ordre social qu’il veut détruire ». Quant à Paul Lafargue, il synthétisa les arguments des irréconciliables, des purs, représentés en France aujourd’hui, par Jules Guesde et ses partisans. « Le défenseur du grand patronat, dit-il en parlant de M. Waldeck-Rousseau, a appelé un socialiste au ministère comme, en 1848, Ledru-Rollin avait appelé l’ouvrier Albert et le socialiste Louis Blanc. L’histoire est là ! C’était pour endormir le socialisme, pour préparer les journées de