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la chronique

connu hors de sa province, et une chose peut surprendre, c’est qu’avec tout l’argent que doit lui rapporter sa plume si drôlement poncive, il demeure toujours dans une situation modeste. Anatole France avait eu, il est vrai, des précurseurs. Gyp créa le petit « Bob » qui se payait délicieusement la tête de son précepteur et Henry Lavedan inventa les trois gommeux, Guy, Gontran et Gaston qui se racontent leurs bonnes fortunes, assis bêtement sur les hauts tabourets d’un bar.

Que d’esprit en toutes ces œuvres et que de talent ! Que d’efforts surtout pour amuser, intéresser, captiver et quelle variété voulue et cherchée ! Elle se marque jusque dans le style. Anatole France accommode les trivialités du jour à une sauce d’une rare perfection classique, et voici d’Esparbès qui se donne au contraire tant de licences que Gaston Deschamp, dans sa critique du Temps, se voit obligé de demander grâce « pour cette pauvre langue française, torturée, tiraillée, écartelée comme Ravaillac en place de grève ».

Derrière ces noms recherchés et aimés, s’avance l’interminable cortège des romanciers qui se disent habiles à disséquer l’âme et photographier le cœur, et se bornent ordinairement à raconter