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l’ayant pas encore confisquée et le péril extérieur ne la dominant pas encore, elle pût s’épanouir et se dilater. Mais tout de suite la tourmente en balaya les honnêtes ferments et la troisième légende, celle de 1804, commença de se préparer.

Dans l’établissement de l’Empire, il faut certes faire la part de l’Empereur. Si Napoléon ne se fut trouvé là, bien des choses auraient tourné autrement, et c’est méconnaître sa puissante personnalité que d’imaginer son rôle tenu au besoin par quelque comparse et son épée remplacée par celle de l’un de ses futurs maréchaux. Toutefois, dans cette théorie dont on a abusé, il y a ceci de vrai que la force brutale était le lendemain nécessaire de la Révolution, le creuset obligatoire où devaient se fondre les énergies et les appétits surexcités par sa violence ; seulement cette force n’eut point suffi à créer une légende ; Napoléon la transforma en la couvrant du prestige de sa prodigieuse fortune. La Force incarnée dans l’Empire devint de la sorte un programme de gouvernement et une base d’organisation sociale. Or, avant elle, la Monarchie avait incarné le Temps dont seules les œuvres sont solides, et la République avait incarné l’Idée. Les Français purent se souvenir d’avoir été tour à