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la chronique

proviseur de Lycée n’est, en France, qu’un fonctionnaire médiocrement considéré, peu rétribué et sur lequel pèsent les minuties du règlement le plus mesquin qui se puisse imaginer. Il n’a le droit de rien décider, il ne peut dépenser un centime sans la permission de ses supérieurs : proviseur, professeurs, surveillants et élèves sont ainsi réduits à une dépendance absolue, qui leur enlève jusqu’à l’idée d’une initiative possible.

On a tenté récemment de créer des écoles secondaires basées sur de tout autres principes. Un publiciste de quelque talent, M. Demolins, après avoir exposé dans ses livres des idées émancipatrices que d’autres, du reste, avaient déjà exprimées avant lui, a créé en province, non loin de Paris, l’École des Roches, qui est un internat à l’anglaise ; les élèves y jouissent d’un grand confort, s’y livrent aux sports, vivent avec leurs professeurs… Le prix élevé de la pension et surtout la crainte que les élèves de cette école ne se montrent, aux examens, très inférieurs à leurs camarades des lycées et des collèges ecclésiastiques, où l’on travaille bien davantage, sont des objections sérieuses au succès de cette tentative, d’ailleurs intéressante et méritoire. Il est très difficile de faire vivre, en France,