Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/287

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sauva des flammes Jlumées par la CommuDe, le Falaisde-Justice et la mei veilleuse Salnte-Cbapelle ; cette action d’éclat lui valut la croix de la Légion d’honneur. En 1876 fut fondée la Société anonyme qui prit en mains l’alïaire désormais assurée d’un brillant avenir. M. L : Grand en fut le principal actionnaire et le Directeur général. Depuis lors, la Bénédictine a, pour ainsi difi, conquis le monde ; la vente annuelle qui était de ’213.000 bouteiiles en 1880 a passé dans le dernier e.xftrcice à 1. ’244.000 ; la production a donc sextuplé en moins de 20 ans. Des entrepôts ont été fondés à Passages et à Hambourg où la liqueur est fabriquée et manutentionnée par des ouvriers venus de Fécamp, de façon que la création de ces agences étrangères ne fasse rien perdre à la maind’œuvre française.

En 1892, un violent incendie détruisit les bûtiments de la Bénédictine, M. Le Grand qui vivait encore, accourut du Midi où il se trouvait et sa première parole fut pour dire à son fils qui venait au-devant de lui : « L’hiver est rude ; tu vas annoncer aux ouvriers que.quelle que soit la durée du chômage, ils seront payés intégralement ». Rien ne peint mieux la constante préoccupation de M. Le Grand à l’égard de son personnel. Aussi à la lecture du Palmarès des récompenses accordées aux ouvriers de la Bénédictine, les assistants n’ont pas été surpris, le 29 juillet dernier, d’entendre à chaque instant, la mention de 15, ’20, 30 et jusqu’à 35 années de service, suivre la proclan alion du nom de chaque lauréat. Des institutions sociales et de prévoyance, ingénieuses et variées, fonctionnent autour des usines. Dès 1874, une caisse de secours fut créée et dès 1880, des retraites furent assurées au.x travailleurs âgés, sans aucune retenue sur leurs salaires. Les fils et successeurs de M. Le Grand sont restés fidèles aux traditions généreuses de leur père 6’, la paix sociale règne autour d’eux. Les bâtiments actuels de la Bénédictine occupent une énorme superficie. On y a accès par une merveilleuse cour d’honneur bordée sur trois côtés par des bûtiments d’un style Renaissance très riche et fermée fur le quatrième par des grilles en fer forgé d’un superbe dessin. Au milieu, un escalier monumental conduit au musée qui se compose de nombreuses salles abritant 23.