Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
la chronique

rapport de police, où il y avait de tout, excepté des faits précis ; la plupart des dépositions à charge rappelaient par leur puérilité et l’inanité des preuves alléguées, certains épisodes du procès de Rennes. Finalement, le procureur général dut encore abandonner la poursuite contre six des accusés ; il en resta neuf dont il réclama le châtiment. Parmi ceux-là se trouvaient Paul Déroulède et Jules Guérin ; ce dernier avait couronné ses exploits d’agitateur par la ridicule aventure du « Fort Chabrol »[1] ; quant à Déroulède, le jour des obsèques du Président Félix Faure (23 février 1899), il avait saisi par la bride le cheval du général Roget et avait tenté de le détourner de son devoir, en l’excitant à marcher avec ses troupes sur l’Élysée ; par malheur, poursuivi de ce chef devant les tribunaux ordinaires par le cabinet

  1. Le Fort Chabrol était une simple maison de la rue de Chabrol à Paris, transformée secrètement en une véritable forteresse et dans laquelle, se sachant sur le point d’être arrêté, Guérin s’enferma avec quelques amis : la maison était abondamment pourvue d’armes et de munitions, dont on craignait qu’il ne fût fait usage, au détriment des paisibles habitants du quartier ; ayant épuisé les vivres dont il disposait, Guérin finit par se rendre.