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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1900.djvu/92

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la chronique

de choquant à ce que les missionnaires allemands ou italiens soient protégés par la France et, de la sorte, dépendent d’elle en une certaine mesure. Il est vrai que dans la réalité, les choses se passent un peu différemment. Chaque puissance protège en général ses nationaux ; la France y superpose son intervention s’il s’agit de catholiques. Elle en tire de toutes façons de grands avantages au point de vue de l’autorité et du prestige, d’autant que ce protectorat ne se borne pas à l’Extrême-Orient, mais s’étend à tout l’Orient. Aussi le gouvernement républicain n’a-t-il garde de le laisser échapper et s’il ne fait pas toujours auprès du Vatican des efforts suffisants, ses représentants à l’étranger, mettant en pratique le mot spirituel de Gambetta : « L’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation » — donnent tous leurs soins à la protection des intérêts catholiques. C’est l’Allemagne qui a pris la tête du mouvement dirigé contre les privilèges séculaires de la France. Dès 1890, les journaux catholiques allemands ont mené une campagne énergique dans ce sens, et en 1898-99 elle s’est encore accentuée ; le voyage de l’Empereur Guillaume en Terre-Sainte a été un encouragement pour les instigateurs de cette campagne et les