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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1901.djvu/160

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la chronique

Félix Faure s’exprimait ainsi, parlant à un ami : « L’affaire de Fachoda était aplanie. Mais pendant qu’on négociait et après les négociations, les journaux dans les deux pays s’étaient livrés aux plus folles excitations. L’opinion, aussi bien en Angleterre qu’en France, était violemment surexcitée. La fièvre belliqueuse pénétrait jusque dans le monde politique. Nous n’avons pas craint la guerre pour Fachoda, mais nous l’avons crainte après le règlement de la question de Fachoda. Il y avait une telle irritation de part et d’autre que le moindre incident eût été « inarrangeable ». Tous les rapports qui nous parvenaient nous disaient de nous tenir sur nos gardes, d’être prêts à tout ». Le président prit la patriotique initiative de réunir un conseil extraordinaire composé des présidents du Sénat et de la Chambre, des ministres et des chefs d’état-major de la guerre et de la marine ainsi que des présidents des commissions financières du Parlement. L’accord fut complet et la discrétion absolue. On décida les dépenses indispensables pour tout mettre en état sur les côtes et à bord des navires de guerre : environ 80 millions. En quelques jours, les préparatifs furent achevés ; l’ennemi pouvait venir. Il ne vint pas ; la France