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force : elle considère volontiers la douceur comme le manteau de la faiblesse. Jules Simon était un doux : ses manières, sous ce rapport, exagéraient le sens de ses actes ; aussi ses ennemis et même les indifférents le taxaient-ils de faiblesse. Il a fallu que sa vie se terminât, pour que déroulée entièrement aux regards de la critique, elle offrit cet aspect rare et précieux d’une vie absolument une, absolument fidèle, d’une vie sans couture, tissée d’un seul morceau ; et des métiers singulièrement puissants sont nécessaires pour en tisser de semblables. Un épisode de la vie de Jules Simon est bien connu : sa protestation de professeur contre le Coup d’État de 1851 : il y perdait avec sa chaire de la Sorbonne, son gagne-pain ; il risquait d’y perdre davantage encore. Pour protester comme il le fit, avec une fermeté modérée, sans esclandre et sans fracas, il faut une autre vaillance que pour se jeter résolument au plus fort d’une mêlée. Ce que défendait alors Jules Simon, ce n’était pas la République, c’était la Liberté. La République a été, pour lui, le culte accessoire ; le culte principal fut pour la Liberté et c’est elle que trente ans plus tard, il devait défendre encore à la tribune du Sénat, cette fois contre ses meilleurs amis. Il blâ-