entendant parler ainsi le président des Cinq-Cents. Les grenadiers alors pénètrent dans la salle et la font évacuer.
Mais pour que Bonaparte se sente le maître, il faut encore qu’une apparence de légalité consacre son pouvoir. À la nouvelle de ce qui vient de se passer, le Conseil des Anciens consent à établir un décret qui débute parce considérant hypocrite : « Vu la retraite des Cinq-Cents » et confère à Bonaparte, à Sièyès et à Roger-Ducos, le consulat provisoire. À peine ce décret est-il voté, on s’avise que d’après la constitution, le Conseil des Anciens n’a point le droit d’en voter un semblable. Alors, dans la nuit, pendant que les parisiens rentrent chez eux, des émissaires sont lancés à travers Saint-Cloud et les environs pour raccoler tous les députés qui s’y trouvent encore ; ils en ramènent moins d’une cinquantaine ; on les pousse à la hâte dans la salle des délibérations d’où les grenadiers les avaient expulsés peu d’heures auparavant et là, à la lueur de quelques chandelles, en présence de spectateurs improvisés parmi lesquels il y a des domestiques, des vagabonds et tout un monde interlope, l’infatigable Lucien reprend son fauteuil présidentiel et l’on procède à un simulacre de