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les détails de la politique extérieure et ne plus se contenter d’en indiquer par ses votes l’orientation générale, il n’y aurait plus de diplomatie possible en France. Il est très remarquable que ce péril n’ait jamais été menaçant. Depuis trente ans, le parlement Français s’est abstenu, avec un patriotisme digne de louange, de gêner par une intervention indiscrète l’action du ministre des Affaires Étrangères. En beaucoup de cas, il a marqué une réserve analogue pour les questions militaires et cette réserve est en complet contraste avec la façon tapageuse et désordonnée dont furent traités par exemple, les problèmes coloniaux ; on peut dire que les députés ont fait de leur mieux pour entraver l’initiative coloniale mais qu’ils ont tenu au contraire à faciliter autant qu’il dépendait d’eux les relations extérieures. Les titulaires de ce service ont été, sous ce rapport, des privilégiés. L’indépendance — une indépendance relative bien entendu — est le premier avantage dont ils aient bénéficié : c’est peut-être ce qui les a aidés à conquérir le second, la stabilité. En théorie, l’un est aussi nécessaire que l’autre pour une démocratie : en pratique, il apparaît que la politique extérieure d’une monarchie perd plus à chan-