Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
de france

l’autre. On pourra discuter longtemps sur leurs mérites respectifs puisque le succès les a couronnées l’une et l’autre, bien qu’à un degré inégal. Mais il est évident que la première avait sur la seconde l’avantage de ne pouvoir se perpétuer au-delà de son objet : on ne prolonge pas pour l’amour de l’art une lutte qui n’a point de spectateurs et l’effort que le pays ne voit point prend fin tout naturellement dès que le but en est atteint, tandis que le péril hautement proclamé tend à s’éterniser ; il est bien plus aisé d’en dénoncer l’ouverture que la clôture et cette clôture, d’ailleurs, ne s’opère pas par un acte tel que la chute du rideau au théâtre. Un péril collectif ne cesse point brusquement ; en général, il s’éteint avec lenteur et les intérêts qu’il a lésés aussi bien que ceux qu’il a servis, continuent de mener autour de son cadavre un tapage persistant.

Perdus ou sauvés !

Cela est encore plus vrai des Français que de n’importe quel autre peuple, à cause de leur tendance invétérée à se croire perdus ou sauvés,