Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
la chronique

un point de vue auquel les Français et pas mal d’étrangers continuent de se placer. Victor Hugo a été, cela est certain, la conscience de la société issue de la révolution. Reste à savoir si les formes de la justice et de la liberté que les révolutionnaires ont conçues et proclamées sont vraiment des formes éternelles et immuables, si les anathèmes qu’ils ont lancés demeureront, si les principes qu’ils ont établis vivront. On commence à percevoir, à travers l’énorme fracas de la révolution, la mise en pratique trop hâtive par un peuple ardent mais souvent inconsidéré, des vérités politiques et morales sorties, d’une part, de la Réforme et, de l’autre, de l’émancipation Américaine. En exagérant ces vérités, en les poussant logiquement vers l’absurde, en les revêtant d’un dogmatisme rigide, la révolution les a outrées au point de compromettre leur action et d’arrêter le développement normal de leurs conséquences ; par elle, deux grands mouvements qu’elle prétendait aider, ont plus ou moins dévié. Ce que Auguste Comte et Brunetière ont dénoncé comme étant « l’erreur du xviiie siècle » a été mis en pratique par la révolution ; la déclaration célèbre d’Helvétius : « C’est uniquement par de bonnes