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la chronique

passé et ne craignons pas de le répéter, les consciences cultivées furent seules ébranlées par les problèmes complexes que souleva cette affaire ; le gros du pays en demeura le spectateur curieux plutôt qu’ému. Mais d’autres événements frappèrent son imagination : la retentissante équipée de Déroulède saisissant, à l’issue des funérailles de Félix Faure, la bride du cheval du général Roget pour forcer celui-ci à s’associer à lui et à marcher sur l’Élysée — la scandaleuse manifestation du champ de courses d’Auteuil pendant laquelle on vit des jeunes gens de la meilleure société lever leurs cannes sur le président de la République et chercher à défoncer son chapeau — le siège ridicule du « fort Chabrol », modeste maison de la rue de Chabrol dans laquelle l’agitateur Guérin et quelques autres s’étaient retranchés, armés de pied et cape — enfin, la solennelle convocation du Sénat en Haute-Cour de justice pour juger les organisateurs du fameux « complot royaliste », tous ces faits étaient de nature, dès qu’on les exploitait, à troubler l’opinion populaire. En eux-mêmes ils n’avaient guère de portée. La tentative de Déroulède avait échoué piteusement ; on s’était diverti de celle de Guérin ; quant à l’attentat