Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
de france

qui se donnent libre cours grâce à l’organisation sociale plus large là-bas que chez nous ; et la banalité Parisienne par contre n’existe souvent qu’en façade ; si l’on pénètre dans le détail de la vie privée on constate que la diversité individuelle reprend ses droits, mais ce n’est qu’après avoir d’abord sacrifié à ce culte du convenu qui recouvre les milieux riches de Paris d’une sorte de vernis uniforme.

On comprend aussitôt combien les fluctuations de la fortune doivent être redoutables à une société organisée de la sorte. Toute diminution de revenu correspond pour elle à une sorte de déchéance. Le revenu n’est, pour l’Américain, qu’un vêtement sous lequel il demeure lui-même ; pour le Parisien, il est non le vêtement, mais la peau même qu’on ne saurait lui arracher sans le faire saigner. Sur le vaste escalier du nouveau-monde, les Américains montent et descendent facilement ; sur l’escalier de Paris, assez étroit et fort encombré, si l’on descend d’une marche, il est rare qu’on la remonte ; aussi tente-t-on de suprêmes efforts pour garder sa place. Dans beaucoup de cas, il est probable que le Parisien riche fait plus d’efforts pour conserver la fortune qu’il s’est