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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/223

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de france

aimer ; ses facultés se dévorent en lui, faute d’aliments.

Paris ne fait pas grand chose pour ses ouvriers et par contre il se montre trop à eux. La vie Parisienne, comme nous l’avons déjà dit, présente cette particularité d’être très en dehors, très à l’extérieur ; le luxe de la façade est souvent beaucoup plus considérable que le luxe du dedans. D’autre part, Paris vit un peu confondu ; à la différence de Londres, les quartiers de labeur et de pauvreté et ceux où résident les riches, s’encastrent les uns dans les autres ; l’ouvrier, sans parler du miséreux, n’ignore rien du luxe qui l’environne ; il le coudoie, il le contrôle. En général, il ne le hait pas. La haine sociale est, à Paris, plus vivace chez l’étranger que chez le Parisien. Dans presque tous les mouvements insurrectionnels depuis cent ans, le Parisien a été plutôt mené que meneur. Mais s’il ne cherche pas à détruire le luxe brutalement, il cherche avidement à l’atteindre lui-même pour en jouir. Et comme il le sent hors de son atteinte normale, trop éloigné pour qu’il puisse y parvenir rien qu’en suivant sa voie régulièrement et honnêtement, son imagination travaille ; il conçoit des moyens extraordinaires