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contribué à affaiblir l’éclat d’une manifestation artistique qu’aucun autre pays ne pouvait organiser. Les Gobelins, en effet, ne sont pas seulement par droit d’aînesse, mais aussi par droit de survivance, la première des manufactures d’État. Celle de Carlberg, fondée en 1681, par la reine de Suède, Ulrique Éléonore, ne vécut qu’une douzaine d’années ; celle que le roi de Danemark, Christian v, créa à Kiöge dura moins encore ; l’atelier de Berlin placé sous la protection du Grand Électeur Frédéric Guillaume ferma ses portes vers 1713. La manufacture impériale de Russie due à l’initiative de Pierre le Grand dura davantage : soixante-dix ans environ. À peine peut-on dire de l’atelier romain de Saint-Michel, créé par le pape Clément xi en 1710, et de la célèbre maison de Santa-Barbara établie par Philippe v d’Espagne en 1720, qu’ils existent encore ; c’est une existence léthargique. Quant à l’essai tenté à Windsor en 1871 sous le patronage du duc d’Albany il ne persista point au delà de la mort de ce prince survenue en 1884. Que de crises violentes, de terribles révolutions, de changements de régime, de renversements de dynasties, de bouleversements politiques les Gobelins ont vu pas-