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la chronique

300 à 350 aunes carrées ; au siècle suivant, elle atteignit très rarement 300 et parfois ne monta pas même à 200 aunes. Par contre le prix de l’aune avait passé de 30 à 60 livres ; en tenant compte de la fluctuation du taux très variable des soies, l’entrepreneur arrivait à un bénéfice de 25 à 30 livres par aune ; et de plus il ne manquait pas, qu’il en eut la permission expresse ou tacite, de faire travailler pour son compte. On comprend donc que son sort ne fut pas si indigne d’envie.

Voltaire parle quelque part de 800 ouvriers réunis dans l’enclos des Gobelins. Non seulement cette estimation est exagérée, mais elle n’a aucun rapport avec la réalité. En fait, les ouvriers n’ont jamais dû, aux périodes de plus grande activité, dépasser le chiffre de 160 ; leur nombre du reste était extrêmement changeant. Les ateliers de haute lisse se recommandaient par leur stabilité relative comme par leur bonne tenue ; mais la basse lisse était facilement agitée et sujette à des exodes déterminés par des coups de tête. (On sait que les métiers de haute lisse sont verticaux et ceux de basse lisse horizontaux ; dans ces derniers l’emploi des pédales libère les deux mains du travailleur et lui permet d’aller plus vite : de là le prix de