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Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/28

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la chronique

prédications virulentes qui provoqua la fondation par les Assomptionistes d’une foule de petites feuilles hargneuses lesquelles semèrent dans les provinces, le virus antisémite ; bref nul Français n’a tant travaillé à jeter dans les sillons de son pays des germes de guerre civile. Quiconque s’arrête au chapitre des responsabilités n’a pas le droit d’ignorer et d’oublier le nom d’Édouard Drumont.

Il en est d’autres encore, mais est-il bien utile de les départager ? Ne vaut-il pas mieux tirer du spectacle de ce qui s’est passé en France depuis quelque temps une conclusion dont peuvent profiter tous les peuples, c’est qu’il est infiniment dangereux de proclamer l’existence d’un péril national et qu’avant de s’y résoudre on doit y regarder à deux fois. Le péril qui vient du dehors apparaît à tous les regards ; le péril qui vient du dedans est difficile à reconnaître et à définir. Si le premier provoque des élans superbes comme celui des Volontaires de 1792, le second aboutit trop souvent à des Inquisitions et à des Dragonnades, à des Saint-Barthélémy ou à des Massacres de Septembre.