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la chronique

de leurs successeurs modérés. Jules Ferry qui était et resta toujours un modéré apporta plus de radicalisme à défendre et à réaliser certaines réformes que tel ou tel de ses collègues radicaux. Depuis 1889, les choses ont changé. Au lieu d’incliner vers les modérés, les radicaux inclinent maintenant vers les socialistes ; en maintes circonstances, les votes et les pensées des uns et des autres se sont complètement confondus et c’est avec une sorte de honte que, par ci par là, certains radicaux ont indiqué timidement la ligne de démarcation entre les doctrines des socialistes et leurs propres doctrines. En ont-ils d’ailleurs et quelles sont-elles ? Le conservatisme et le socialisme sont des formules très nettement définies ; il en est de même du libéralisme. Le conservateur, à moins d’être un imbécile, un encroûté, ne s’imagine pas que le monde d’aujourd’hui peut ressembler à celui d’il y a deux cents ans ni que les institutions de Clovis ou de Charlemagne conviendront aux administrés de Félix Faure ou d’Émile Loubet ; mais il professe que le mouvement des idées et des mœurs est, par essence, trop rapide et que la sagesse politique consiste à le retenir, à conserver le plus possible du passé ; le conservateur résiste