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la chronique

même cette époque a été marquée à diverses reprises par de regrettables exaltations, il convient de ne pas perdre de vue que les nobles émigrés n’avaient point complètement dépouillé dans leur exil les tendances voltairiennes dont leur enfance avait été nourrie, et que si Charles X suivait à pied les processions (comme le fait de nos jours, d’ailleurs, l’empereur d’Autriche), son frère et prédécesseur, Louis XVIII, n’était rien moins que dévot. L’Église, sous ses différents régimes, se montrait pourtant satisfaite ; elle le fut plus encore durant le règne de Napoléon III ; évêques et curés se réjouissaient à bon compte, car leurs ouailles ne marchaient pas, en ce temps-là, dans la voie du progrès moral, et ni l’empereur ni la cour ne leur donnaient de bien grandes consolations spirituelles. Mais l’assistance quasi officielle des fonctionnaires aux cérémonies extraordinaires et, en général, aux offices du dimanche, suffisait à les satisfaire ; ils se préoccupaient de l’acte, prêtaient quelque attention aux paroles et ne s’inquiétaient point des pensées. Ainsi, dès ce temps-là, la conscience individuelle ne risquait guère d’être molestée. Après que la République, par des laïcisations répétées, eût